Brève histoire du quartier
La rue Mouffetard se caractérise avant tout par son tracé qui n’est pas tout à fait rectiligne, entre la rue Thouin, au nord, et la place qui prolonge le parvis de l’église Saint-Médard et porte depuis 2016 le nom de place Georges-Moustaki, vers laquelle convergent, outre la rue Mouffetard, la rue Pascal, la rue Édouard-Quénu, la rue de Bazeilles et la rue Censier. Autour de la rue Mouffetard s’épanouit un réseau de rues dont le plan a subsisté depuis l’époque médiévale, et qui contraste singulièrement avec les tissus urbains continus et réguliers formés le long des grandes percées du 19e siècle, comme les boulevards Saint-Michel ou Saint-Germain.
Si la rue Mouffetard a conservé son tracé, elle a vu son environnement et son implantation générale au sein du tissu urbain être drastiquement modifiée dans les années 1860, au moment du percement de la rue Monge en particulier, en 1859. L’avenue des Gobelins, percée en 1869, a recouvert la portion sud de la rue Mouffetard, qui s’étendait précédemment jusqu’à la barrière d’Italie (actuelle place d’Italie). La place de la Contrescarpe, ouverte dans le tissu urbain en 1852, est aussi à partir de cette date un élément structurant de la physionomie de la rue.
Un quartier populaire et commerçant
À l’époque de la création de l’enseigne, au tournant du 20e siècle, la rue Mouffetard est réputée pour ses commerces. Voici comment la décrit Gustave Pessard dans son Nouveau dictionnaire historique de Paris paru en 1908 : « La rue Mouffetard a conservé une physionomie très curieuse et très ancienne ; remplie de boutiques, c’est une des rues les mieux approvisionnées de Paris ; on y compte plus de soixante marchands de vins, traiteurs, rôtisseurs, restaurateurs et pâtissiers ; quinze épiciers et fruitiers ; laiteries, boucheries ordinaires et hippophagiques, charcuterie, triperie, etc. On y trouve tout, et tout y est condensé dans un espace restreint. C’est d’ailleurs ce qui convient aux très nombreux habitants de cette vieille et intéressante rue de l’ancien quartier Saint-Marceau. »
C’est précisément cette ambiance, populaire et grouillante d’activité, qu’Eugène Atget a capturée dans une série de clichés effectués dans la rue Mouffetard et ses abords aux alentours de 1905-1910 et dont le musée Carnavalet conserve plusieurs tirages. L’histoire commerciale de la rue est également représentée dans les collections du musée par plusieurs enseignes.